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Il Faudra de’ vous-mesme apprendre à commander,
A ouïr vos sujets, les voir, et demander,
Les connoistre par nom, et leur faite justice>
Honorer la vertu, et corriger le vice.
Mal-heureux sont les roys qui fondent leur appui
Sur l’aide d’un commis l qui par les yeux d’autruy
Voyant l’état du peuple, eritendcnt par l’oreille t y
D’un flatteur mensonger qui leur conte merveille 1
Aussi, pour estre roy, vous ne devez penser
Vouloir, comme un tyran, vos sujets offenser :
Ainsi que nostre corps vostre corpfc est de boue.
Des petits et des grands la fortune se joue :
Tous les regrets mondains se font et se défont,
Et au gré de fortune ils viennent et s’en vont,
Et ne durent non plus qu’une flamme allumée,
Qui soudain est éprise et soudain consumée.
Or, Sire, imitez Dieu, lequel vous a donné
Le sceptre, et vous a fait un grand roy couronné
Faites miséricorde à celuy qui supplie ;
Punissez l’orgueilleux qui s’arme en sa folie ;
Ne poussez par faveur un homme en dignité, ’
Mais choisissez celuy qui l’aura mérité, :
Ne baillez, pour argent, ny états ny offices ;
Ne donnez au hasard les vaoans bénéfices ;