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Ainsi, que personne ne dise à l’art : tu n’iras pas plus loin ! au siècle, tu ne peux dépasser les siècles qui t’ont précédé ! C’est là ce que prétendoit l’antiquité en posant les bornes d’Hercule : le moyen âge les a méprisées et il a découvert un monde.

Peut-être ne reste-t-il plus de mondes à découvrir ; peut-être le domaine de l’intelligence est-il au complet aujourd’hui et que l’on peut en faire le tour, comme du globe : mais il ne suffit pas que tout soit découvert ; dans ce cas même, il faut cultiver, il faut perfectionner ce qui est resté inculte ou imparfait. Que de plaines existent que la culture auroit rendues fécondes ! que de riches matériaux, auxquels il n’a manqué que d’être mis en œuvre par des mains habiles ! que de ruines de monuments inachevés… Voilà ce qui s’offre à nous, et dans notre patrie même, à nous qui nous étions bornés si long-temps à dessiner magnifiquement quelques jardins royaux, à les encombrer de plantes et d’arbres étrangers conservés à grands frais, à les surcharger de dieux