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Car toute littérature primitive est nationale, n’étant créée que pour répondre à un besoin, et conformément au caractère et aux mœurs du peuple qui l’adopte ; d’où il suit que, de même qu’une graine contient un arbre entier, les premiers essais d’une littérature renferment tous les germes de son développement futur, de son développement complet et définitif.

Il suffit pour faire comprendre ceci, de rappeler ce qui s’est passé chez nos voisins : après des littératures d’imitation étrangère, comme étoit notre littérature dite classique, après le siècle de Pope et d’Adisson, après celui de Vieland et de Lessing, quelques gens à courte vue ont pu croire que tout étoit dit pour l’Angleterre et pour l’Allemagne….

Tout ! excepté les chefs-d’œuvre de Walter Scott et de Byron, excepté ceux de Schiller et de Goèthe ; les uns, produits spontanés de leur époque et de leur sol ; les autres, nouveaux et forts rejetons de la souche antique : tous abreuvés à la source des traditions, des inspirations primitives, de leur patrie, plutôt qu’à celle de l’hypocrène.