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phases de ce qui constituait pour moi une série d’événements logiques. J’aimais davantage ceux de mes amis qui, par une patiente complaisance ou par suite d’idées analogues aux miennes, me faisaient faire de longs récits des choses que j’avais vues en esprit. L’un d’eux me dit en pleurant : « N’est-ce pas que c’est vrai qu’il y a un Dieu ? — Oui ! » lui dis-je avec enthousiasme.

Et nous nous embrassâmes comme deux frères de cette patrie mystique que j’avais entrevue. — Quel bonheur je trouvai d’abord dans cette conviction ! Ainsi ce doute éternel de l’immortalité de l’âme qui affecte les meilleurs esprits se trouvait résolu pour moi. Plus de mort, plus de tristesse, plus d’inquiétude. Ceux que j’aimais, parents, amis, me donnaient des signes certains de leur existence éternelle, et je n’étais plus séparé d’eux que par les heures du jour. J’attendais celles de la nuit dans une douce mélancolie.