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Pauvre amie, je vous ai encore bien tourmentée et bien inquiétée ! Mais c’est pour la dernière fois. Quand je vous verrai ainsi, froide et contrainte, je comprendrai bien qu’il existe une de ces raisons dont nous avons parlé et que votre cœur se resserre à l’approche du mien, comme une fleur craintive. Mon Dieu ! ne craignez rien ; je me fais à cette idée, si pénible qu’elle puisse être… Oh ! nous sommes fiancés dans la vie et dans la mort ! Qu’importent les hommes et les indignes obligations de l’existence ? Une heure de liberté entre nous, d’effusions célestes, et tout le reste est oublié !… Mais prenez un peu pitié de mes peines mortelles et de cette terrible exaltation, dont je ne puis répondre toujours ! Songez qu’elle vient moins de la jalousie que de la crainte d’être abusé… Aujourd’hui, cette crainte est moins forte : je crois en vos paroles. La permission que vous m’avez donnée de me regarder du moins comme ayant tout obtenu de vous, en attendant l’instant de votre