Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VIII

Je me trouvais en esprit à Saardam, que j’ai visitée l’année dernière. La neige couvrait la terre. Une toute petite fille marchait en glissant sur la terre durcie et se dirigeait, je crois, vers la maison de Pierre le Grand. Son profil majestueux avait quelque chose de bourbonien. Son cou, d’une éclatante blancheur, sortait à demi d’une palatine de plumes de cygne. De sa petite main rose, elle préservait du vent une lampe allumée et allait frapper à la porte verte de la maison, lorsqu’une chatte maigre qui en sortait s’embarrassa dans ses jambes et la fit tomber. — Tiens ! ce n’est qu’un chat ! dit la petite fille en se relevant. — Un chat, c’est quelque chose ! répondit une voix douce. J’étais présent à cette scène, et je portais sur mon bras un petit chat gris qui se mit à miauler. — C’est l’enfant de cette vieille fée ! dit la petite fille. Et elle entra dans la maison.

Cette nuit, mon rêve s’est transporté d’abord à Vienne. — On sait que sur chacune des places de