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« Je résolus de fixer le rêve et d’en connaître les secrets. » Le récit, magnifique, est précis, limpide et parfaitement organisé. L’écriture frappe par sa sobre beauté, son élégance, sa netteté. Dans Aurélia, Nerval tourne le dos aux procédés du romantisme, et c’est à la source du rêve et de sa déraison qu’il puise les éléments de la création poétique. Démarche moderne, qui conduisit André Breton et Philippe Soupault à envisager de nommer leur mouvement surnaturalisme. Œuvre exceptionnelle sur tous les plans, troublante histoire d’une folie lucide, quête spirituelle de l’esprit divin, perdu et retrouvé, et quête de la femme aimée dans une descente aux enfers, Aurélia est tout cela, qui enthousiasma les surréalistes. C’est la proclamation du Voyant qui, avant Rimbaud, découvre, explore et libère l’inconnu, l’Autre, les autres Je car Je est triple, pour tenter de les rejoindre et dépasser ainsi son destin.

« …Je me mis à chercher dans le ciel une étoile, que je croyais connaître, comme si elle avait quelque influence sur ma destinée. L’ayant trouvée, je continuai ma marche en suivant les rues dans la direction desquelles elle était visible, marchant pour ainsi dire au-devant de mon destin, et voulant apercevoir l’étoile jusqu’au moment où la mort devait me frapper. […] Dans cette étoile sont ceux qui m’attendent. […] Laisse-moi les rejoindre, car celle que j’aime leur appartient, et c’est là que nous devons nous retrouver ! »