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Quelques mauvais esprits ont en vain prétendu
Que nous dévorons tout, que l’État est perdu,
Que notre pot au feu cuit aux dépens des autres,
Et bientôt cuira seul ; qu’hormis nous et les nôtres,
Tous les Français rentiers, perdant leurs capitaux,
Iront, vides de sang, garnir les hôpitaux :
Quelle horreur !… Cependant, qu’ont les Français à craindre ?
De mauvais procédés ils n’ont point à se plaindre :
De tous leurs envoyés nous nous sommes chargés ;
Ne sont-ils pas nourris, et quelquefois logés ?
Et n’avons-nous pas même, en mainte circonstance,
Offert de les blanchir, s’ils ne l’étaient d’avance ?
Qui, comme nous encor, avec un tel succès,
A su faire fleurir le commerce français ?
Ces vins que la province en nos celliers envoie,
Ces produits de Strasbourg, de Bayonne et de Troie,
De toute autre cuisine orgueilleux ornemens,
Ne sont de nos valets que les vils alimens.
Des mets plus délicats à nos palais conviennent ;
Du Périgord jaloux les fruits nous appartiennent.
Ces fruits, que le gourmet sait priser aujourd’hui,
L’étranger voudrait bien les emporter chez lui :
Mais il ne l’aura point, cette plante chérie,
Ce précieux produit du sol de la patrie !
Français ! gardons nos droits, frustrons-en nos voisins ;
C’est assez qu’on leur donne et nos blés et nos vins :