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Il est resté, comme un abîme
Entre ma vie et le bonheur,
Comme un mal dont je suis victime,
Comme un poids jeté sur mon cœur :
Pour fuir le piége où je succombe,
Mes efforts seraient superflus ;
Car l’homme a le pied dans la tombe,
Quand l’espoir ne le soutient plus.

J’aimais à réveiller la lyre,
Et souvent, plein de doux transports,
J’osais, ému par le délire,
En tirer de tendres accords.
Que de fois, en versant des larmes,
J’ai chanté tes divins attraits !
Mes accens étaient pleins de charmes,
Car c’est moi qui les inspirais.

Le temps n’est plus, et le délire
Ne vient plus animer ma voix ;
Je ne trouve point à ma lyre
Les sons qu’elle avait autrefois :