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elles aimer davantage encore notre beau pays si triste et si malheureux.

C’est hier qu’ils sont partis pour trois ans d’une vie nouvelle, mais forte et virile. En longues files, sous la conduite de quelques officiers et sous-officiers, ils traversaient les rues de Paris, et les passants s’arrêtaient émus et songeurs, en voyant passer ces jeunes gens, à l’attitude fière et grave, dont le régiment fera des hommes demain.

En les voyant défiler, je pensais à ceux d’entre eux qui ont vu le jour dans nos montagnes d’Alsace ou dans nos plaines de Lorraine, et dont l’œil rêveur devait garder un reflet du pays natal à peine entrevu en de rapides séjours, ce pays auquel sans cesse on pense en vue des jours futurs. Et je me reportais à bien des années en arrière, à ces jours lointains où le drapeau de France flottait encore sur la patrie française intacte.