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— Ces messieurs désirent t’être présentés ; lui dit le vieillard, et il déclina leurs noms et qualités.

La jeune fille s’inclina légèrement en les fixant d’un regard hautain et dur, puis continua son chemin.

Franzosenkopf, murmura l’un des officiers, pendant que le vieillard souriait doucement. Au même instant éclatèrent les notes plaintives et lentes de la retraite allemande, sonnées par le clairon de garde. L’écho les renvoyait d’une montagne à l’autre, et, dans cette vallée encaissée, elle semblait être la plainte séculaire des milliers de Germains envahisseurs écrasés là jadis par nos ancêtres les Gaulois, défendant les défilés des Vosges. Quand les dernières notes se furent éteintes dans le calme de la nuit, une voix railleuse de gamin reprit le refrain qui venait de finir et chanta en articulant les mots avec une netteté extraordinaire :

Zu Bett, zu Bett, ihr Lumpenhund
Es ist die letzte Viertelstund !
Zu Bett, zu Bett, zu Bett !