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rappel des mésanges pour enlever d’un coup de filet rapide les pauvres oiseaux insouciants. J’en emportais quelques unes parfois dans ce lointain Paris, afin d’avoir toujours sous les yeux un souvenir vivant du pays ; mais la nostalgie les gagnait. L’une après l’autre, malgré les noix dont je remplissais leur cage, elles mouraient, regrettant sans doute le ciel d’Alsace, l’air pur et la liberté, les grands arbres où bondissaient les écureuils, les vignes du Rebberg et le grand silence des chaudes journées d’été.

Puis, tandis que le soir tombait lentement, couvrant Mulhouse d’une brume fine, d’où émergeaient le haut clocher de Saint-Étienne et les innombrables cheminées des fabriques, rejetant leurs dernières volutes de fumée noire, montant tout droit dans l’air calme, tandis qu’au loin la grande fabrique de Dornach lançait ses derniers coups de sifflet, annonçant la fin de la journée, on s’acheminait lentement, à travers les allées déjà enténébrées, vers la maisonnette de Jean-Baptiste, ou de Cham-