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MONROSE


articles. Voyant cela, madame de Garancey se piqua d’émulation, et ne voulut pas que, lorsque la protégée de son amie d’Aiglemont trouvait un état agréable, Armande, dont elle commençait elle-même à raffoler, demeurât à la merci des événements. Madame de Garancey se procura tout de suite pour sa chère lectrice (déjà riche de mille écus viagers que lui avait assurés le grand-chanoine) un coulant garde-du-corps, spécialement protégé de Garancey, son officier, et auquel on promettait, avec la femme, un bon surcroît de fortune. Mais la marquise se réservait d’avoir toujours près d’elle la vérsificatrice Armande ; ce qui comportait aussi pour l’époux de devenir commensal : ses cinq pieds onze pouces, son énorme carrure et ses muscles le rendaient infiniment digne de tant d’honneur.

L’hymen à cette époque planait avec complaisance sur mon tourbillon : c’était à qui se marierait. Ne prit-il pas tout à coup un vertige au Vulcain de mon amie Liesseval ! et malgré ce qu’il lui avait vu tolérer entre deux Mars, ne vint-il pas un beau matin tomber à ses pieds, lui jurer que, depuis qu’il vivait sans elle, il ne vivait plus, en un mot, la supplier de l’assurer pour le reste de ses jours du bonheur