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MONROSE


puis du caractère. Ainsi, milord Kinston avait longtemps parlé de M. de Senneville, sans que l’autre lord pût m’appliquer le souvenir de Julien, jadis commensal de ses gens et l’auteur, quoique sans reproche, du plus impardonnable outrage. Cependant il n’avait pas été possible de toucher la corde des motifs de mon apparition, sans faire enfin frémir celle qui devait être si sensible chez milord Sidney. Je vis celui-ci pâlir au premier instant où l’idée de Julien devint inséparable de la mienne. Mais le ressentiment qui parut chez ce philosophe ne dura qu’un moment. Soudain maître de son extérieur, il affecta de prendre autant d’intérêt que Kinston lui-même au récit de l’heureuse révolution qui s’était faite dans mon état et ma fortune ; je terminai cette narration en témoignant combien je m’estimerais heureux, avant que de quitter l’Angleterre, si toutes les personnes que Julien pouvait avoir même innocemment offensées, daignaient pardonner au délicat et repentant Senneville. « Tous les crimes sont morts avec celle qui les ordonna, dit obligeamment Sidney, qui n’avait pu se méprendre au sens de ma péroraison ; toutes les haines, toutes les vengeances ont aussi subi les épreuves qui devaient les terminer. »