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MONROSE


chalamment dans le désordre, j’ai fait beaucoup de mal : il est temps de le réparer… »

« En prononçant ces derniers mots, il recule et sort de dessous sa robe de chambre un pistolet armé ; à son mouvement je devine son dessein ; je m’élance et je suis assez heureux pour lui détourner brusquement le bras au moment du coup qui devait lui faire sauter la cervelle. Il se manque et va frapper le plafond de trois balles. Toute cette horrible scène n’a duré qu’un clin d’œil. Au bruit, on accourt, on m’entoure, on va me saisir… » Arrêtez ! crie Kinston (de qui je n’ose encore me séparer, craignant qu’il n’ait un pistolet de plus) ; respectez ce généreux jeune homme. Il lui faut, je le vois, une plus noble vengeance… Allons, monsieur, c’est donc de votre main que j’aurai l’honneur de périr. » À ces mots, il s’élance : « Non, milord, dis-je en le retenant, ma vengeance est consommée. Vivez si vous ne doutez pas du violent désir que j’avais de laver mon affront !… — Moi, douter ! et de vous ! » Il s’est en même temps jeté dans mes bras avec effusion. Je crois lui voir une nouvelle physionomie. Dans ce moment solennel, Kinston, à coup sûr, a retrouvé toute sa vertu… Cependant, le bruit de plusieurs personnes qui marchent à

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