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MONROSE


quoiqu’il ne me parût que plus méprisable de l’avoir pris. Au moment du souper survint une jeune et très-jolie niaise pour m’en faire les honneurs. J’avoue que ses beaux cheveux blonds à l’enfant, dont le toupet se rabattait jusque sur de longs yeux bleus ; que son mannequin élancé et mollement ondoyant, que certain air sentimentalement lubrique, en un mot, que tout en elle m’intéressa… Je ne la renvoyai point… Vers minuit nous étions assez bien ensemble pour qu’elle se crût en droit de me demander mon appui : c’était en vue de se placer en France, n’ayant plus, à la suite de quelque faveur, que les charges d’une double habitude avec le capricieux Kinston et la fatigante Sara. Ma fausse ingénue, puisqu’elle ne savait pas un mot de notre langue, était toute prête à faire, dans notre pays, quelque besogne que ce fût qui n’exigerait point qu’elle parlât. Je ne suis entré dans ce détail hors de saison qu’afin de vous faire mieux connaître quels principes, quel ordre régnaient chez milord. Le lendemain, de bonne heure, je parcourus ses délicieux jardins ; je m’affligeais, en dépit de mes jouissances, de ce qu’un homme dont les possessions décelaient tant de connaissances et de goût, empêchait, par l’excès de sa dépravation, qu’on estimât ses