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MONROSE


venait de courir devant la voiture de Senneville, et que nous ne tarderions pas à revoir ce romanesque personnage.

Nous mourions d’envie d’apprendre ce que Lebrun pouvait avoir recueilli pendant sa course, mais il se refusait cruellement à nos instances. « Attendez M. de Senneville, nous disait-il avec un air profond ; je ne suis pas bastant pour des faits tels que ceux dont ces dames sont curieuses : mon rôle s’y réduit à presque rien. Le hasard et M. de Senneville m’ont enlevé l’honneur des services par lesquels je me proposais de donner à mon cher maître de nouvelles preuves de mon dévouement »

Senneville, le désiré Senneville vint enfin sur le soir. Après avoir soulagé son cœur de l’oppression d’une foule de sentiments qui se partageaient entre Aglaé, Monrose et moi-même, le brûlant jeune homme voulut bien nous faire ainsi (je dis à Monrose et moi) la relation de son leste voyage. Il va parler : « Dernièrement, lorsque j’eus la fortune de vous rencontrer, je ne passais à Paris que pour aller à Londres. Le chagrin secret duquel je crois vous avoir dit qu’il fallait que je me délivrasse, sous peine qu’il ne fît à jamais le tourment de ma vie, c’était le sentiment de l’avilissant outrage que m’avait