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MONROSE

Nous montâmes chez mon neveu : l’entrée était devenue libre depuis qu’il avait commencé de battre la compagne. Il était dans un bon moment ; la vue de sa bien-aimée Charlotte lui causa la plus délicieuse émotion. Combien elle-même était pour lors éloignée de ces sentiments durs qui, tout à l’heure, partaient bien plus de la tête que du cœur !… Ce couple tendre se faisait à mes yeux les plus franches caresses, quand milady se précipita dans la chambre pour prendre sa part de tant de bonheur. Elle n’eut pas la force de gronder ; elle revoyait Charlotte, ce dépôt si précieux qu’un époux non moins redouté que chéri lui avait confié, et qu’elle avait eu l’affreuse crainte de perdre.

Je conviens avec vous, cher lecteur, que la marche de toutes ces aventures n’est pas ordinaire. Ce mélange singulier de vertu, de faiblesse, de sentiment, de caprice ; ces brusques transitions de la tristesse au plaisir, du plaisir au remords, du courroux à l’attendrissement ; tout cela, jusque même à l’actuelle indulgence de ma sœur, est de nature à vous ballotter peut-être désagréablement, si vous avez l’habitude et le goût de ces scènes uniformes où chaque acteur conserve le premier masque d’un bout à l’autre de son rôle. Mais, je n’ai cessé de le ré-