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MONROSE


minutes plus tard, il est instruit d’une partie du fait par la rencontre d’une grosse berline allant au petit pas, quoique attelée de chevaux de poste. À côté sont une femme et un petit homme qui lui donne le bras.

À la vue de ceux-ci, la compagne du marquis entre en fureur, veut descendre, cherche à s’emparer d’un pistolet et vomit en anglais un torrent d’invectives ; au premier mot, le petit homme a fui ; d’Aiglemont n’entend pas la langue, mais la fureur et les efforts de sa voyageuse le mettent assez au fait ; à la restitution forcée d’un paquet de hardes et d’une cassette, il devine que la personne apostrophée est une femme de chambre et que la voiture est celle de l’inconnu. Si la piétonne a d’abord paru déconcertée, saisie, bientôt à son tour elle a pris feu, et lorsque, remontée dans la berline, elle se croit en toute sûreté, elle rend avec usure les traits dont vient de l’accabler sa maîtresse ; puis, en détestable français, elle rappelle monsieur l’abbé et donne l’ordre de partir à toute bride sur la trace de milord.

C’est donc un lord que d’Aiglemont vient de vaincre ? Point du tout, ce n’est qu’un baronnet, c’est sir Georges Brown : l’ombre, un costume absolument anglais et l’engonce-