crie la jeune personne ; monsieur, par pitié, délivrez-moi !… »
À ces mots, l’inconnu tire et
perce le chapeau du marquis ; celui-ci, plus
généreux, et prudemment jaloux de conserver
son avantage, ne tire point, se jette au cou de
l’assassin et le tient en respect en lui mettant
entre les deux yeux le bout du canon ; en même
temps il crie à l’opprimée de gagner la voiture.
À l’embarras, à l’immobilité du prisonnier,
d’Aiglemont reconnaît aussitôt que cet homme
n’avait qu’un coup à tirer, et d’ailleurs il est
à même d’empêcher la récidive. « Va, malheureux,
lui dit notre ami quand la dame est en
sûreté, mon état n’est pas de livrer tes pareils
au glaive de la justice ; marche : il dépend de
toi de ne pas me forcer à te punir. » L’inconnu
se couvre alors pendant un moment les yeux de
ses poings, cherche l’ombre et fait au gré du
marquis trois cents pas, marchant en silence
devant le pistolet. Lorsque le coupable est conduit
assez loin pour qu’il n’y ait plus rien à
craindre de sa part, d’Aiglemont revient à sa
voiture… Il y trouve une divinité.
Elle paraît trop affaiblie pour que son libérateur, d’ailleurs délicat, la presse d’abord de lui apprendre qui elle est, et comment elle a pu se trouver ainsi exposée ; mais à peu près dix