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MONROSE


s’était évadée, d’Aiglemont, revenant très-vite de sa garnison, entendit de loin les cris d’une femme. Comme sa route l’approchait de cette scène, il pressa le postillon ; un valet de chambre en courrier avait plus d’une lieue d’avance, par conséquent le marquis était seul ; lorsqu’il fut assez près pour juger de la place où l’on se disputait, il descendit un pistolet à la main ; le bruit des voix le conduisit à cent pas hors du grand chemin, vers un bois bordé de verdure. Cet endroit se trouvait à l’ombre ; les arbres, le chemin, les environs étaient d’ailleurs éclairés de la lune à son plein et fort nette.

Tandis qu’un homme qui, de loin, ayant vu le marquis s’avancer, l’attendait de pied ferme, une femme vêtue de blanc profitait de sa liberté, courait et, prenant un détour circulaire, tâchait de mettre entre elle et son agresseur le généreux voyageur qui, probablement, avait l’intention de la défendre. « À qui en avez-vous, monsieur ? dit fièrement l’inconnu de qui d’Aiglemont n’était plus qu’à six pas. — À celui qui, sans doute abusant de ses avantages, faisait pousser à une femme des cris… — Passez votre chemin, ou bien… » L’inconnu montre un pistolet, tandis que pour toute réponse le marquis fait de même. « C’est un traître, un ravisseur !