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MONROSE


elle un esprit borné, peu pénétrant, incapable d’observer et de réfléchir, madame de Folaise est ivre d’Adélaïde, dont, à leur commerce intime près, elle est complétement la dupe. Elle voudrait marier cette fille avec ce robin-mirliflor d’hier, qui me fit l’honneur de fuir à mon approche. Le président Blandin est riche, vain, faux bel-esprit, infatué de sa figure fade et guindée, orgueilleux d’une charge de moyen ordre, mais qui l’élève infiniment, vu la bassesse publique de son origine ; au surplus, bouffi de ses petits talents, et divinisé dans quelques cercles dénués de lumières et de goût. Adélaïde n’aurait, sans contredit, rien de mieux à faire que d’empaumer cet épouseur, beaucoup trop bon pour elle. On ne lui demande que de dire une seule fois au président : « Je vous aime ! » Présomptueux et badaud comme il l’est, c’en serait assez pour qu’il conduisît le lendemain sa nymphe au pied de l’autel… Point du tout, cette rude philosophe, qui sait s’accommoder aussi bien, pour ses plaisirs, d’un malotru que du plus galant homme, n’a pas l’instinct d’user du plus simple artifice pour faire fortune par un sot, d’ailleurs estimable, et qui vaut mille de ceux qu’elle a favorisés ! Par sa faute, le président est jaloux : cet homme est sentimental ;