Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
MONROSE


selle et moi quelque liaison de cœur ? — Qui ne le croirait ! — Daignez m’entendre. Vous inspirez tant de confiance, monsieur le chevalier, et d’ailleurs vous avez déjà vu quelque chose de si positif, qu’il serait bien inutile d’exalter devant vous l’être bizarre avec lequel je m’abattis hier. Sachez donc, monsieur, ce qu’est Adélaïde. Bien née, bien élevée, mais pauvre comme un rat, elle fut recueillie par des bigotes qui l’ont placée, pour son édification, comme demoiselle de compagnie chez la baronne, je ne sais comment en demi-odeur de dévotion ; Adélaïde, pourtant, vit avec sa bienfaitrice à la manière de ces temps de caprice et de corruption ; du reste elle est bien, par le cœur, la plus insensible créature qu’il y ait au monde. Également incapable et d’amour et d’amitié, de même sans ambition, au surplus assez désintéressée, Adélaïde, pourvu qu’elle vive au jour le jour, et que son inimaginable tempérament trouve une surabondante pâture, se soucie peu avec quelles gens elle soit en liaison, quel séjour elle habite, quels hommes, quelles femmes fassent les frais de ses impurs amusements. Madame de Folaise, au cœur tendre et généreux, aux sens doucement effrénés, d’une candeur incurable, que maintient chez