Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/886

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
MONROSE


rien ne m’autorisant à vous demander la permission de vous faire une tendre cour, il faudrait vous craindre… et par conséquent je vous fuis. » Ces injures dites fort gaîment, et avec beaucoup de grâce, ne pouvaient m’offenser. J’assurai que je n’étais nullement dangereuse ; je défiai même Senneville d’en faire l’épreuve… Il semblait en demander, par son regard, la permission à son ami, qu’il croyait être moins mon neveu peut-être que mon amant en titre. Le pauvre Monrose était bien embarrassé, ne pouvant répondre à moins d’être fat et de manquer de délicatesse.

Cependant, cet éclair de plaisanterie ne m’avait point délivré du souci mortel que me causait la position de notre héros. Soudain je m’attristai. Senneville, qui saisit cette brusque transition, se l’impute et, se levant, me demande pardon de m’avoir été si longtemps à charge. « Quoi ! si tôt nous quitter ? lui dit mon neveu. — Je retarde le sommeil de madame ; d’ailleurs, j’en ai besoin moi-même, devant être debout dès la pointe du jour pour une affaire bien malheureuse… — De quoi s’agit-il donc ? — D’être témoin d’un combat à outrance où certain Anglais de mon ancienne connaissance doit mourir, s’il n’a la fortune d’étendre son ennemi sur