rien ne m’autorisant à vous demander la permission
de vous faire une tendre cour, il faudrait
vous craindre… et par conséquent je vous
fuis. » Ces injures dites fort gaîment, et avec beaucoup
de grâce, ne pouvaient m’offenser. J’assurai
que je n’étais nullement dangereuse ; je défiai
même Senneville d’en faire l’épreuve… Il
semblait en demander, par son regard, la permission
à son ami, qu’il croyait être moins mon
neveu peut-être que mon amant en titre. Le
pauvre Monrose était bien embarrassé, ne pouvant
répondre à moins d’être fat et de manquer
de délicatesse.
Cependant, cet éclair de plaisanterie ne m’avait point délivré du souci mortel que me causait la position de notre héros. Soudain je m’attristai. Senneville, qui saisit cette brusque transition, se l’impute et, se levant, me demande pardon de m’avoir été si longtemps à charge. « Quoi ! si tôt nous quitter ? lui dit mon neveu. — Je retarde le sommeil de madame ; d’ailleurs, j’en ai besoin moi-même, devant être debout dès la pointe du jour pour une affaire bien malheureuse… — De quoi s’agit-il donc ? — D’être témoin d’un combat à outrance où certain Anglais de mon ancienne connaissance doit mourir, s’il n’a la fortune d’étendre son ennemi sur