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MONROSE


reux pour nous pouvait amener celui de M. de Senneville. Il partait ; il allait combattre, il pouvait périr. À quoi bon embarrasser mon imagination ! À quoi bon risquer de me dégoûter de mes études, de me faire regarder comme désormais au-dessous de moi de m’y appliquer ! C’était à l’époque où l’on pourrait enfin se revoir qu’en se disant adieu l’on avait fixé l’engagement solennel d’où devaient dépendre l’état de ma mère et le mien… M. de Senneville, avancé et devenu plus riche au moyen de deux campagnes heureuses, revenait ivre du projet d’accomplir ses vertueux devoirs… Quel surcroît de bonheur pour lui que ma rencontre inopinée, quand, à moins d’une espèce de miracle, mon déplacement allait lui enlever la moitié de ses jouissances !

« Je devais bien à l’excellent homme qui venait de m’avouer si généreusement ses fautes, un candide aveu des miennes ; je lui dis tout, excepté la circonstance flétrissante de la violence exercée par milord Kinston sur moi. Nous volâmes ensemble de l’Orient à Lyon, où ma mère demeurait depuis que nous nous étions séparés. Nous la trouvâmes désespérée de ma fuite aventureuse. Cette escapade, déjà ancienne de quatre mois, était encore déplorée chaque