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MONROSE


noces : après aimer, voyager était pour lors mon plus cher désir. Je promets, aux genoux de milord, d’exécuter aveuglément ses ordres. L’or passe dans mes mains. On m’emmène aussitôt grand train à Plymouth. J’y suis remis à l’officier qui devait commander un petit bâtiment dont on ne me dit point la destination. Le lendemain nous mettons à la voile. Cinq jours après nous sommes rencontrés, attaqués, battus et pris par une frégate française ; grâce à cette mésaventure, j’ai le bonheur de me retrouver avec mes compatriotes.

« À bord du bâtiment vainqueur était un lieutenant-colonel d’infanterie avec un détachement de son régiment. Cet officier, dès les premiers moments de ma détention, m’avait attentivement considéré ; le lendemain, le jour suivant encore, il avait paru me chercher, et toujours ses regards m’avaient inspiré le même intérêt. Il paraissait surtout frappé de ce petit signe brun que vous me voyez à deux doigts de la bouche. Enfin, mon curieux n’y tient plus ; il m’aborde et me fait plusieurs questions ; j’y réponds avec toute la franchise de l’adolescence. « Il est étonnant, me dit-il, combien vous ressemblez à une dame de la ville où vous êtes né… ou plutôt à une demoiselle, car la personne que