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MONROSE


des charmes. Cette adorable créature, qui m’avait ensorcelé, quoique mon aînée de près de six ans, me pressa de la suivre : c’était des deux parts une insigne folie. N’importe ! adieu Saint-Côme, adieu la jolie bourgeoise qui, après m’avoir mis dans le monde, me gâtait si tendrement depuis six mois ! Un beau matin Argentine m’enlève ; nous franchissons la Manche, et Londres reçoit enfin dans ses murs un polisson de Français, devenu, sans l’ombre de vraisemblance, le frère de la moindre équivoque Italienne. Ma sœur avait de l’argent et des bijoux. Bientôt elle paraît sur la scène, obtient des succès, a des amants et fait des dupes dans ce genre. Un jour, par malheur, l’un des heureux, libéral, mais jaloux, me surprend dans les bras de ma sœur prétendue, la bat (c’était un marin de la Compagnie des Indes), me met à la porte assez brutalement et fait de la sorte crouler en un moment le fragile édifice de mon bien-être avec celui de mes plaisirs… »

Ici j’interrompis M. de Senneville. « Oserais-je vous demander, monsieur, si cette Argentine n’avait pas un autre nom ? — Elle se nommait Fiorelli, madame la comtesse[1]. —

  1. Ainsi c’est l’Argentine des Fredaines. Voy. le chap. XVIII de la IIe partie,
  
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