Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/873

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
MONROSE


l’une vient à nommer le chevalier Monrose, en faisant remarquer un chevalier qui a de son air ; l’amie en convient ; je regarde et j’ai la même idée qu’elles, quoiqu’il y ait si longtemps que je n’aie eu l’avantage de vous voir… Je me mêle pour lors à la conversation ; je demande si vous êtes à Paris, on me l’assure ; votre adresse, on me la donne. De la salle, je vole à mon hôtel garni ; j’écris quelques lettres, et n’ai plus le temps d’y souper, ni même de dire bonsoir à mon ami, si je veux me présenter encore chez vous à une heure à peu près convenable. J’accours, j’ai le bonheur de vous trouver. Cependant, me sentant d’un fort bon appétit, je ne fais point de façon, et puisque vous le trouvez bon, nous causerons à table. » Et tout de suite, voici ce que, tout en dévorant, le charmant jeune homme nous apprit :

« Je n’étais pas fait pour l’état où vous me trouvâtes à Londres : aussi, monsieur le chevalier, n’ai-je servi jamais que vous ; il m’eût été pour lors bien impossible de deviner quels heureux changements se feraient par la suite dans mes capricieuses destinées. Fruit longtemps obscur de la faiblesse de certaine demoiselle de compagnie, en faveur du fils unique de sa protectrice, chassé avant de naître, puni