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MONROSE


alors, je maudissais de grand cœur l’amour et ses extravagances, les Anglais et leur philosophe férocité !…

Vers onze heures du soir, tête à tête, nous faisions semblant de souper, mangeant un peu pour nous dissimuler mutuellement notre agitation secrète, évitant surtout de dire un mot qui pût rappeler sir Georges et l’état où les choses venaient d’être mises par son maudit billet… On vint, une carte à la main, avertir mon neveu qu’une personne était là qui venait d’écrire ce que voici : « M. le chevalier Monrose est-il le même qui, certaine nuit, à la campagne de certain lord, mit dans de si beaux draps son serviteur Julien ? »

Après avoir lu : « Voyez, chère comtesse, dit-il, en me passant la carte : ceci sent encore l’aventure à pleine gorge. Il serait plaisant que quelqu’un vint aujourd’hui me demander raison du méchant tour que je jouai là-bas sans le savoir au pauvre Julien, que j’aimais pourtant de tout mon cœur ! » Puis, sans attendre mon avis : « Faites entrer ! » cria-t-il. On annonça M. de Senneville.

Je vois alors un jeune homme de la plus jolie figure qui s’avançait de l’air aisé d’un homme du monde. Il me salua respectueusement, mais