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MONROSE


va vous mener… Qu’on monte avec M. Lebrun chez milady. »

Mademoiselle Brigitte paraît. Lebrun est un grand et leste brunet qui, comme on sait, ne déplaît point au beau sexe. Brigitte est d’autant plus accorte, qu’elle n’a, en fait de beauté, que la bonne envie d’être belle… On se complimente, on s’apprivoise ensemble insensiblement. Lebrun a merveilleusement le talent de tirer aux gens les vers du nez. Brigitte est naturellement fort babillarde : il n’a qu’à laisser trotter la langue de la soubrette, toute fière de faire écouter et comprendre si bien dans Paris son sifflant baragouin.

Aussi Lebrun, sans presque avoir eu l’air d’y prendre le moindre intérêt, vient à savoir que milady… une bien aimable dame ! une bien bonne maîtresse !… vient à Paris pour marier (cela ne se dit pas, mais on le sait de Londres)… pour marier une belle, belle, belle nièce de milord son époux… avec… sir Georges Brown, un baronnet si beau, si beau, si beau !… que ce mariage doit faire un jour la jubilation des trois royaumes. Il n’y a qu’un petit malheur : c’est que miss Charlotte paraît avoir pour le mariage une répugnance invincible !… « N’est-ce pas, monsieur, que quand on est une si belle miss et