notre rendez-vous nocturne ? — Qui dit si cette
petite fille a conservé de la beauté ? — En faut-il
à la femme qu’on épouse ? Une belle âme… —
Oh ! nous allons philosopher ! Vous savez à quel
point je déteste le ton du drame ! Songez qu’à
vingt-trois ans vous êtes trop jeune pour une
femme de dix-neuf ; qu’à ce compte, à quarante
ans, c’est-à-dire à la fleur de l’âge (c’est le
proverbe), vous auriez pour épouse une honnête
matrone de trente-six ! — Voyez ma mère, qui
en a quarante-deux et n’en paraît pas avoir
trente ! — Les Zéïla sont rares. — Oui, par malheur.
(Il sourit et soupire.) — Parions que je
vous ai deviné ? — Il faudrait que vous fussiez
sorcière. — Vous vous disiez, fripon : S’il existait
une milady qui ne fût point ma mère !… Y
suis-je ? — Vous avez le diable au corps ! Oui,
chère comtesse, elle trouverait à qui parler, je
vous jure. Vous conviendrez que ce Julien fut
prodigieusement heureux ! — Demandez-en des
nouvelles à madame ! » Il se retourna.
Déjà depuis trois minutes ma sœur était là. Je la voyais très-bien, mais c’était un amusement pour moi que de n’avoir fait semblant de rien et de lui procurer l’équivalent d’une déclaration de la part d’un jeune fou tout bouffi d’un amour de réminiscence, mais qui pourtant ne