Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/847

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
MONROSE


duite depuis sept ans est… absurde, surtout depuis mon retour d’Amérique. — Il est vrai que, dans le temps, vous auriez tout aussi bien fait de rester en France ; mais puisque vous avez réussi… — Au prix de laisser aliénés de moi les cœurs de toutes les personnes que j’aime ! — Exceptez du moins le mien. — Vous étiez absente, autrement vous eussiez eu peut-être, tout comme une autre, à vous plaindre de moi. Je ne puis plus me dissimuler mes torts : je suis impardonnable d’avoir renoncé si légèrement à la tendresse, à l’estime de milord Sidney. Ce n’était plus après avoir joui de ses bienfaits que je devais me souvenir qu’il avait porté la mort dans ma famille. Je devais retourner en Angleterre, me jeter aux pieds de milord ; lui avouer que j’avais corrompu l’enfance de miss Charlotte ; lui jurer que j’attendrais de sa grâce et du temps qu’il daignât enfin me la donner pour épouse. La France n’avait nul besoin de moi hors de son sein. Dans sa patrie, un homme trouve toujours assez de moyens de la servir ; la liberté naissante en Amérique se serait fort bien passée de nous autres, ambitieux paladins, qui ne pouvons savoir si nous ne nous reprocherons pas quelque jour notre impolitique expédition comme une irréparable bévue ; moi surtout. Qui suis-je allé combattre ?

  4
8