duite depuis sept ans est… absurde, surtout depuis
mon retour d’Amérique. — Il est vrai que,
dans le temps, vous auriez tout aussi bien fait de
rester en France ; mais puisque vous avez réussi…
— Au prix de laisser aliénés de moi les cœurs de
toutes les personnes que j’aime ! — Exceptez du
moins le mien. — Vous étiez absente, autrement
vous eussiez eu peut-être, tout comme une autre,
à vous plaindre de moi. Je ne puis plus me dissimuler
mes torts : je suis impardonnable d’avoir
renoncé si légèrement à la tendresse, à l’estime
de milord Sidney. Ce n’était plus après avoir
joui de ses bienfaits que je devais me souvenir
qu’il avait porté la mort dans ma famille. Je
devais retourner en Angleterre, me jeter aux
pieds de milord ; lui avouer que j’avais corrompu
l’enfance de miss Charlotte ; lui jurer que j’attendrais
de sa grâce et du temps qu’il daignât
enfin me la donner pour épouse. La France n’avait
nul besoin de moi hors de son sein. Dans sa patrie,
un homme trouve toujours assez de moyens
de la servir ; la liberté naissante en Amérique
se serait fort bien passée de nous autres, ambitieux
paladins, qui ne pouvons savoir si nous ne
nous reprocherons pas quelque jour notre impolitique
expédition comme une irréparable bévue ;
moi surtout. Qui suis-je allé combattre ?
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