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MONROSE


conservation, qui tombait à chaque instant, un désintéressement total sur mille riens qui, pour l’ordinaire, exerçaient en pareil cas son imagination folâtre, tout cela concourait à me faire pressentir quelque chose de singulier. Or, dans la position brouillée de ses intérêts, l’affection qui le concentrait ainsi ne pouvait guères être agréable.

À peine un tendre soin de notre chère marquise d’Aiglemont put-il lui causer quelque joie. Par un billet charmant, elle nous avertissait que certaine personne de sa connaissance songeait à se défaire d’un emploi distingué dans la maison d’un de nos princes : elle avait en vue cette charge pour mon aimable neveu. Déjà les premières ouvertures étaient faites ; elle se flattait d’un plein succès quant à l’agrément : au sujet du prix, « elle voulait que nous nous vissions, imaginant de faciles moyens de lever tous les obstacles. »

Nous répondîmes l’un et l’autre par quelques mots. Je voulus voir ce que mon pupille avait écrit. Son billet était guindé, sec, d’une galanterie forcée ; je ne voulus pas qu’il l’envoyât, et j’exigeai que, sous ma dictée, il en écrivit un autre, si gai, si chaud pour le coup, que l’écrivain m’en parut contrarié… Pauvre marquise !