elle ? Il ne s’y était cependant trouvé que Julien ;
et dans quel état voisin de la mort n’était pas
cette épouse qu’au fond du cœur Sidney jugeait
plus malheureuse encore que coupable ! Un
anéantissement d’où ne put la tirer la scène
telle que nous l’avons décrite, ne prouvait-il
pas qu’un puissant narcotique la privait ainsi
de tous ses sens ? Qu’avait désiré l’atroce Brumoore ?
Perdre la mère et le fils. Ne semblait-il
pas que ce fût par suite de ce plan odieux
qu’elle achevait de noircir Monrose en l’accusant
d’une double séduction ? Tels étaient, même
à travers l’orage des passions, les raisonnements
d’un époux, d’un ami philosophe. Sept ans
n’avaient point changé ses idées à cet égard.
Pendant ce long intervalle, la sage conduite de
miss Charlotte avait tout réparé. Milord ne lui
reprochait que d’avoir fait d’un jeune homme
immoral, à peu près ingrat, et surtout devenu
l’ennemi des Anglais, le dieu de ses pensées, le
centre de ses secrètes affections. Quant à Kinston,
qui avait accordé dans le temps asile et
faveur à l’exécrable gouvernante de Sidney, sans
aucune explication il avait rompu net avec lui ;
jamais leur amitié ne s’était renouée. Mais cessant
de se voir, ils n’avaient point affiché d’être
ennemis ; Kinston se fût déshonoré ; la gloire de
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MONROSE