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MONROSE


veux du moins prendre congé de ma mère. — Il n’y a pas moyen, monsieur, le temps presse : on nous attend. » J’ai la tête perdue ; mon cabriolet se trouve attelé de deux des plus beaux chevaux de milord. Je m’y jette, Patrick m’y suit ; le postillon fouette, nous volons. J’avais fait six milles avant que Patrick eût dit de son chef une seule parole. Je le questionnais, il répondait par monosyllabes. À Rochester nous prîmes la poste ; il m’accompagna jusqu’à Douvres : il y arrangea tout pour mon passage, et ne me perdit pas de vue que mon paquebot n’eût quitté le rivage.

« Exact à mon devoir, en entrant à Paris, je vais droit à la maison du notaire pour lequel je suis porteur de la lettre… « Monsieur, me dit-il, après l’avoir attentivement lue, ce dont milord me charge exige des soins et du temps. Si vous voulez bien prendre la peine de repasser sous quinze jours… — Quinze jours, monsieur ! mais je comptais repartir dès demain pour Londres ! » Pour toute réponse, l’homme public sourit ; seulement alors je compris qu’on m’avait attrapé, comme un jeune chien devant qui l’on jette une boule afin qu’il coure après pendant qu’on va fermer la porte de la chambre d’où l’on voulait le chasser.