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MONROSE


circonstance et l’heure étaient bien singulières ! Cependant je trouvai quelque douceur à penser que je pouvais obliger milord. Son choix du moins prouvait, selon moi, que je ne lui étais nullement suspect… « Dans un moment je serai prêt et descendrai prendre les ordres… — Il ne sera point nécessaire, M. Monrose : milord ne sera pas visible… » Ici j’aurais dû me croire moins sûr de n’avoir aucune part aux ressentiments de milord, mais à seize ans on manque de politique ; je n’imaginais seulement pas que mon étrange mission pût comporter une disgrâce. Je me félicitais d’avoir échappé par miracle à de grands périls ; je ne doutais pas qu’au retour d’une course rapide (à Londres peut-être), je ne fusse également rassuré sur le compte de ma chère petite complice. Au bout de moins d’une heure, Patrick reparaît ; il m’apporte une bourse, une lettre cachetée et un billet de deux lignes pour moi. J’y lis : « À Paris ; descendre chez mon notaire (la lettre était pour lui) ; vous conformer en tout à ce qu’il prescrira. Bon voyage ! » « Mais à Paris !… Je n’ai point fait de malle ! — Il sera pourvu à tout. — Julien ? — Il ne pourra vous suivre. (En même temps Patrick emplissait de ce qui se trouvait sous sa main un sac de nuit.) — Je

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