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MONROSE


trouvais fort jolie, et… si… tout de bon je vous suppliais d’agréer mes petits soins… quel sort vous sentiriez-vous capable de me faire ? — Quel sort ? la question va loin : si vous aviez dit seulement quel visage ! » Elle souriait, cette coquetterie m’enflamma. « Petit ange, dis-je pour lors tombant à ses pieds, si vos adorables traits avaient déjà fait dans mon âme bien du ravage à mon insu, maintenant vous achevez ma défaite : permettez-moi de vous aimer toute ma vie. — Cela sera donc bien long ? car vous êtes si jeune !… » Ne semblait-il pas que la friponne se croyait plus mûre que moi !… De fil en aiguille, nous disputâmes si longtemps, de si bon accord, si vivement, si follement, qu’avant la séparation j’étais agréé déjà pour chevalier de l’adorable Charlotte. « Petit cœur, lui dis-je en lui surprenant un baiser, voilà le gage du serment que je fais de vous idolâtrer jusqu’à la mort. — Je vous crois de si bonne foi, répondit-elle en me rendant mon baiser, que je ne veux point de gage, et m’en rapporte à votre parole. Chut ! c’est ma bonne ; sauvons-nous. — L’insupportable ! — Ah ! oui, mais demain ? — Ici, n’est-ce pas ? — Ici, partout, tous les jours. Adieu, mon ami. — Adieu, petit ange. »

« La seconde entrevue fut plus tendre encore