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MONROSE

Franchissons ensemble, ami lecteur, jusqu’au moment où, non moins impatiente que ma sœur elle-même, je vais enfin apprendre quel rôle put avoir mon fatal neveu dans les obscures scènes d’une nuit désastreuse.

« Belle maman, dit-il, le lendemain de ce jour où vous savez que j’eus le malheur… disons plutôt le bonheur de m’écrier… (ah ! bien innocemment alors, je vous le jure) que j’allais faire la cour à miss Charlotte !… Mais qu’est-elle devenue, cette charmante enfant ? Je ne l’ai pas oubliée un seul jour. Elle doit être grande maintenant, et bien jolie si elle a tenu promesse ? Quel séjour habite-t-elle ? — Voyez un peu mon extravagant ! interrompis-je pour faire diversion à l’embarras de ma sœur, déjà trop peu maîtresse de sa physionomie, et qui pouvait répondre inconsidérément au questionneur, de manière à lui faire deviner ce dont on se proposait de lui faire un mystère. Il commence un récit, et puis une mouche passe, le voilà qui court après ! Soyez tranquille, on aura tout le temps de vous parler de cette petite morveuse, de laquelle, occupé tous les jours, vous ne m’avez pourtant pas dit un mot pendant toute une année ! » Il me craignait, il ne répliqua rien et poursuivit :