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MONROSE


Monrose, m’aurais-tu vue paraître chez toi si sereine ? — Il vit ! répète-le moi bien encore !… Je le verrai ?… — Oui, ma mère, » dit alors, s’élançant dans la chambre, le jeune fou, je ne sais comment averti que sa mère était arrivée. Il était accouru : de l’antichambre il avait entendu nos derniers propos ; il se précipitait aux genoux de milady. « Vous m’aimez donc encore ! disait-il la pressant dans ses bras. Ah ! ma mère, que je fus injuste ! Je m’étais cru totalement effacé de votre cœur ! — Monrose ! quel soupçon ! Devait-il jamais entrer dans votre âme !… » Elle le couvrit des plus tendres baisers.

Cette éruption de sentiments faillit leur être à tous deux funeste. Monrose, convalescent, était encore faible ; ma sœur, habituellement chagrine, n’était point exercée à supporter les vives agitations du bonheur. Je voulais appeler… « Garde-t’en bien ! me cria-t-elle ; fais au contraire que nous puissions être encore quelque temps seuls… » Je compris qu’elle craignait qu’un hasard ne fît paraître inopinément miss Charlotte. Je fus plus sûre d’avoir deviné lorsque furtivement elle me dit encore : « Surtout que mes compagnons de voyage ne soient point nommés !… »