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MONROSE


disait-on, me parler encore sans me faire rougir, — mais on mentait sans doute, — je fus en tiers d’une petite collation bachique où les prétendus amants avaient arrêté de me prier d’un important service. Il s’agissait de figurer pour cette seule nuit, en façon de Sara, dans la chambre et le lit de celle-ci, miss Charlotte, qui couchait dans un cabinet à côté, dont la porte demeurait ouverte, ne devant pas, en cas de réveil, s’apercevoir de l’absence de sa duègne. Cet arrangement devait coûter d’autant moins à ma complaisance, que moi-même j’avais ma chambre vis-à-vis, et un peu séparée de celle où couchait Sidney. Il faut confesser à ma honte que, facile lorsque dans mon intempérance, alors habituelle, je commençais à m’envaporer, je le fus surtout cette fois : or, je soupçonne qu’on usa de quelque drogue pour hâter mon ivresse et provoquer un dur sommeil.

« Depuis le moment où je pus tout promettre à mon insidieuse amie, le reste se confondit pour moi dans le chaos de l’abrutissement. Je ne me suis depuis souvenue de rien, sinon que dans le lit de mistress Brumoore, où je passai cette fameuse nuit, j’avais eu quelques instants de bonne fortune bien doux, mais si vagues, qu’à mon réveil j’étais convaincue de n’avoir fait