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MONROSE


tendresse ? Par quelle faute, et quand, lui qui depuis sept ans avait franchi les mers, et qui, de retour, avait négligé de voler en Angleterre, quoiqu’il me semblât que c’eût été son premier devoir ?

Il est vrai que je m’étais quelquefois étonnée du silence de Monrose relativement aux Sidney. Jamais il ne m’avait fait à leur sujet la moindre question. C’était toujours très-froidement qu’il m’avait parlé de ces époux à l’occasion des nouvelles que parfois j’avais reçues d’Angleterre ; lui-même n’y avait point écrit ; mais si je n’approuvais nullement cet excès d’indifférence, et si je la croyais à peu près un signe d’ingratitude envers une tendre mère, je me représentais aussi, pour la justification de mon neveu, que le sort ne lui avait permis de la retrouver, cette mère longtemps inconnue, qu’au moment où elle allait épouser le meurtrier d’un époux à qui lui-même devait le jour ; que presque aussitôt après une reconnaissance momentanée, il s’était trouvé de nouveau séparé de milady Sidney, quand il restait en France pour servir dans les mousquetaires, tandis qu’elle suivait son nouvel époux à Londres ; il me semblait enfin que depuis Monrose, ayant passé six ans en Amérique parmi les ennemis