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MONROSE


mieux du monde. Mon mari commençait à recouvrer un peu de santé ; Charlotte donnait les plus belles espérances ; mistress Brumoore ne pouvait s’acquitter avec plus de succès de trois rôles assez peu compatibles ; car je la voyais également officieuse et gaie avec son bienfaiteur, observatrice et grave avec sa pupille adulatrice, et folle avec moi. J’aurais bien dû me défier d’une femme qui, sachant me provoquer avec tant d’effronterie à différents excès, avait pourtant le talent d’édifier l’oncle et la nièce par la profession de la meilleure morale.

« Si dès ce temps-là mistress Brumoore songeait à me faire beaucoup de mal, du moins alors feignait-elle avec bien du talent. Peut-être, malgré ses méchants desseins, les occasions lui eussent-elles manqué longtemps… Complice de tout ce dont la révélation aurait pu me nuire, elle en pouvait tirer aisément parti pour me perdre… Mais j’avais un fils…

Ici la parole manqua net à ma sœur : elle pâlit et fut au moment de se trouver mal. À ce trouble subit, à cet état violent, à ce début d’ouverture, il fallut donc reconnaître que Monrose causait les peines de sa mère. Mais était-il possible qu’adoré d’elle, il lui eût donné quelque mécontentement et qu’il eût perdu sa