Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/781

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
MONROSE


nature au banquet de ses plaisirs, et qui n’avaient pourtant personne qui leur en fît les honneurs ! » En un mot, Sara, soit politique, soit tempérament, essaya de me conquérir… Te l’avouerai-je, ma chère Félicia ? je résistai mal. Par degrés, nous en vînmes ensemble à des extrémités voluptueuses auxquelles, dit-on, il y a peu d’exemples que des Anglaises se portent… « Grâces au ciel, ma chère sœur, interrompis-je, les Françaises ne sont plus aussi scrupuleuses ! Après ? » Cette espèce d’aveu, qui rassurait un peu la coupable, la fit sourire ; elle continua :

« Mistress avait aussi, mare à l’excès, un goût moins rare chez les femmes de son pays. Elle buvait continuellement du punch, des vins étrangers et des liqueurs. Je fus encore assez facile à séduire sur cet article. Bientôt nouvelles Erigones, nous nous abandonnâmes, moi du moins de bien bonne foi, sur le penchant de deux vices dangereux dont, bien loin de nous alarmer, nous nous félicitions sans cesse, nous exagérant le bonheur d’être ainsi fortifiées contre toutes les embûches d’un sexe séducteur, puisque nous savions si bien enchanter nos sens et nous suffire à nous-mêmes ! »