de son bienfaiteur, put ajouter encore au bien
qu’il continuait de lui vouloir ; elle fut amicalement
reçue : on me dit ce qu’on voulut, je
crus tout. Bientôt mistress Brumoore, qui avait
fait son plan, se donna des soins infinis pour
mériter ma confiance ; elle partageait si bien
avec moi tous ceux qu’exigeait la santé délabrée
de mon époux, qu’enfin je pris pour cette
dangereuse créature un attachement réel ; en
un mot, au bout de deux mois, nous fûmes
amies. Je ne me livre point à demi : mes confidences,
mes caresses, mes bienfaits commencèrent
à pleuvoir sur celle qui dès lors sans doute
s’occupait de m’immoler à ses passions funestes.
« J’étais sans mari depuis la fatale blessure, et même on me menaçait de ne voir jamais Sidney ressusciter comme tel. Sara (c’était le nom de société de ma nouvelle amie), Sara, sous l’ombre du badinage, affectait de me ramener souvent sur l’idée d’une privation qui pouvait me donner de grands regrets. Notre intimité me faisait excuser mille réflexions, rarement sentimentales, la plupart du temps libertines, que se permettait l’Anglaise sur le malheur de « deux veuves, jolies, encore sensibles, et peut-être appelées un peu vivement par la