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MONROSE


pas qu’elle avait été aussi sa concubine. Il avait vécu avec elle tout le temps qui s’était écoulé entre son retour en Angleterre, après le funeste combat où je devins la proie de Kerlandec, et l’événement presque miraculeux par lequel furent rapprochés, sur les boulevards de Paris, deux êtres qui mutuellement se croyaient devenus la pâture des baleines.

« Voici comment Sidney avait connu cette mistress Brumoore. Elle avait été l’épouse ou peut-être la maîtresse d’un officier subalterne qui, bientôt après son prétendu mariage, s’était embarqué sur cette malheureuse frégate où tout devait périr, excepté nous ; M. de Brumoore ayant été l’une des victimes de ce fatal événement, sa veuve ne sut pas plutôt le capitaine de retour à Londres, qu’elle vint attaquer par la pitié le cœur d’un homme connu dès lors pour très-généreux. Il fit quelque bien à cette infortunée ; il était tendre, elle adroite ; ils s’arrangèrent ; Sidney ne se croyait pas susceptible d’être dominé par l’ascendant d’une femme ; d’ailleurs, la trompeuse douceur de mistress Brumoore ne permettait pas même le soupçon d’un pareil danger ; cependant l’homme le plus aimable, le plus répandu, fut bientôt gouverné par une petite bourgeoise, fille d’un