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MONROSE


peut-être enfin déterminée sans cette maudite querelle que te fit si mal à propos mon époux, peu de jours avant celui auquel était fixé ton départ. Tu détestas cette nouvelle vertu de Sidney, cette opiniâtreté fière qui ne lui avait pas permis d’accommoder, en disant un seul mot à propos, une querelle de si peu d’importance, entre deux ci-devant amis, qu’ils auraient même pu se dispenser de paraître avec des armes parmi leurs arbitres. Le patriotisme est bien louable ; certes, il est beau de montrer du caractère ; mais faut-il se signaler par ses vertus aux dépens de l’amitié ? C’était ta réflexion : mon état d’épouse seul pouvait me la faire trouver injuste. Sidney fut cruellement puni de n’avoir pas pensé comme toi. Tu pressas alors ton départ, afin, disais-tu, d’épargner à ta franchise les occasions de contrarier un homme blâmable, mais trop aimable pour que tu pusses feindre ou te taire avec lui.

« Peu de jours après que tu nous eus quittés, parut chez nous, à l’occasion de la blessure de mon époux, une certaine mistress Brumoore, arrivant de Norwich, où elle demeurait pour lors. Cette femme, de mon âge à peu près, qui devait avoir été très-jolie, était une ancienne pensionnaire de milord, mais on ne me disait