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MONROSE


sormais par ci par là de ce nom que Mes Fredaines doivent avoir rendu familier au lecteur), Zéïla, dont le cœur dévorait depuis longtemps des peines très-cuisantes, imagina que, puisque son époux refusait de la suivre à Paris, où il s’agissait moins de faire un voyage de plaisir que de traiter, comme on le saura, d’une affaire importante, c’était le cas d’avoir enfin un éclaircissement : de tout temps il eût été bien nécessaire ; mais toujours on l’avait différé, si bien l’épouse et l’époux, quoique fort éloignés de vivre ensemble, comme avait paru le promettre leur passion si ancienne, si fortement éprouvée, si bien, dis-je, ils se conservaient des égards réciproques, et craignaient de se faire du mal.

Mais Zéïla supportait impatiemment le poids de sa perpétuelle disgrâce ; elle supposait qu’en cette circonstance Sidney voulait y ajouter encore. Quoiqu’au fond du cœur elle dût bien sentir qu’il y aurait pour elle quelque danger à se plaindre, elle le fit, elle pressa… elle apprit tout. De cette fatale explication était résulté pour ma sœur un chagrin profond. Mon premier regard put saisir que son âme était empoisonnée : je ne retrouvais plus cette physionomie que j’avais toujours vue si sereine ; maintenant plus de roses sur ses joues, sur ces