s’ennuient pas à mettre leurs sentiments en délibération,
et qu’ils ont plus tôt fait de se tout
accorder que de se disputer la moindre chose !
— Que, par conséquent, ils se piquent d’être
sans caractère ! (Ici je vis le feu monter au
visage de Monrose.) — Il faudrait savoir à fond
une langue, monsieur, pour sentir ce qu’on hasarde
en accusant une collection d’individus
d’être sans caractère ! — Je me piquais, monsieur,
de savoir parler avec les Français, et les entendre
avant que je vinsse chez eux. Je soutiens
que celui qui cède tout montre de la faiblesse, et
que si cette faiblesse est de mode pour tout un
peuple, il avoue n’avoir aucune base pour ses
principes, aucun point de ralliement pour ses
idées, aucune ambition d’être prisé. — Tout cela,
monsieur, est beaucoup trop profond pour moi…
Comment trouvâtes-vous la nouvelle pièce
d’hier ? — Monsieur dédaigne apparemment de
suivre l’entretien et veut peut-être me prier de
me taire ! — Tout comme il vous plaira, monsieur.
Nous aimons à faire politesse dans notre
pays aux étrangers qui daignent se montrer
jaloux de notre estime et nous témoigner la
leur ; quant à messieurs les frondeurs, nous nous
dispensons volontiers de les flagorner. J’ai donc
l’honneur de vous dire, monsieur le baronnet,
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MONROSE