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MONROSE


les cercles, les spectacles, la galanterie et tous les hochets de la vie humaine étaient à faire pitié ; que les femmes ne sont bonnes à rien hors du boudoir ; que les hommes, hormis en Angleterre, ne pensent point et sont tous, du plus au moins, ou fous ou ridicules. Par opposition, le particulier doué de sagacité pour démêler tant de vérités à travers le chaos du monde, doit être, à ses propres yeux, un personnage de très-grande importance ; or, l’observateur de cette classe est nécessairement froid, dur, vain, caustique ; il n’est point étonnant qu’il repousse, qu’il soit repoussé. Si les passions s’en mêlent, il doit infailliblement causer de désagréables discordances dans le concert social. N’importe, jouant faux, il va toujours son train et n’abandonne pas sa partie. C’est sur ce pied que le rétrograde sir Georges nous cultivait, et que, ne manquant à aucun de ses devoirs, il n’accoutumait pourtant personne à lui, comme à tout moment il laissait apercevoir qu’il ne s’accoutumait à personne.

Le baronnet avait remarqué que, soit hommes, soit femmes, nous éludions toujours la dispute lorsqu’il se permettait de critiquer ; il finit par se persuader qu’il avait pris de l’ascendant ; que nous n’osions le contredire et faisions ainsi