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MONROSE

Glissons sur le détail de la négociation ; en une heure Saint-Amand plut ; en quatre jours madame Popinel fut décidée ; le cinquième elle fit une répétition, et le solitaire fut le doux gage du serment que la pièce serait tout de bon représentée. Saint-Amand n’avait pas été alors résolu dans toute cette affaire ; mais j’avais exigé qu’il m’obéît. Un seul obstacle s’était montré. Six cent mille livres ! voilà beaucoup de bien pour un roturier ; il y a sans doute de quoi se procurer, à la foire des maris, quelque chose de mieux ? L’obstacle est levé sans difficulté. Le père de Saint-Amand est un homme de beaucoup de talent et d’un vrai mérite. Je mets les Garancey, les d’Aiglemont et leur oncle en campagne : on obtient pour Saint-Amand père le cordon Saint-Michel. C’est pour le coup que la tête tourne à l’ex-payeuse des rentes. On lui a facilement persuadé que son futur est devenu si noble, que ses enfants pourront entrer à Malte. Il tarde déjà à la future madame de Saint-Amand d’accoucher (en dépit de ses quarante-six ans) pour voir ses hoirs, qui seront des garçons à coup sûr, croître et se préparer à batailler un jour contre les infidèles. Bref, voilà mon jeune ami à la charge de cultiver, comme il pourra, d’antiques et flasques